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Israël/Gaza : au Maroc, le PJD salue une « opération héroïque »

Alors que Rabat appelle au dialogue, le Parti de la justice et du développement invite ses militants « à se mobiliser pour participer aux manifestations de soutien à l’héroïque résistance palestinienne »
Pendant une manifestation en soutien à la Palestine devant le Parlement de Rabat, un Marocain brandit un drapeau israélien en feu (AFP/Fadel Senna)
Pendant une manifestation en soutien à la Palestine devant le Parlement à Rabat, un Marocain brandit un drapeau israélien en feu (AFP/Fadel Senna)
Par MEE

« Salutations marocaines à la résistance palestinienne », « Les Marocains refusent la normalisation » : des Marocains se sont rassemblés samedi 7 octobre devant le Parlement à Rabat pour exprimer leur soutien au Hamas dans son offensive contre Israël.

Les manifestants en ont profité pour rappeler qu’ils s’opposent à la normalisation des relations diplomatiques d’Israël avec le Maroc.

Traduction : « Manifestation dans la capitale marocaine, Rabat, après l’opération ‘’déluge d’al-Aqsa’’. »

Le 10 décembre 2020, le Maroc est devenu le quatrième État arabe à normaliser officiellement ses relations avec Israël, sous la pression des États-Unis qui ont, en échange, reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

Mais au sein de la population, cette normalisation n’a pas fait l’unanimité. Des activistes s’expriment régulièrement à ce sujet pour rappeler qu’ils sont solidaires avec les Palestiniens.

« Une réaction naturelle et légitime »

Les autorités ont aussi exprimé leur profonde préoccupation à la suite de la détérioration de la situation après l’opération surprise lancée par le Hamas contre Israël samedi, et condamné les attaques contre les civils d’où qu’ils soient, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

« Le royaume, qui n’a eu de cesse de mettre en garde contre les répercussions du blocage politique sur la paix dans la région et contre les risques de l’aggravation des tensions qui en résultent, appelle à un arrêt immédiat de tous les actes de violences et à un retour à l’apaisement, tout en évitant toutes les formes d’escalade pouvant saper les chances de la paix dans la région », a souligné le communiqué, en rappelant que « le dialogue et les négociations demeurent la seule voie pour parvenir à une solution globale et durable à la question palestinienne ».

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Dans un communiqué signé de son secrétaire général, Abdelilah Benkirane, le Parti de la justice et du développement (PJD, islamo-conservateur) a apporté son appui au Hamas après le début de l’opération « Déluge d’al-Aqsa » contre Israël.

« Une réaction naturelle et légitime aux violations quotidiennes commises par l’ennemi sioniste [Israël] et à la politique raciste extrémiste du gouvernement sioniste, ainsi qu’à la prise d’assaut et à la profanation de la mosquée sainte d’al-Aqsa par les colons et les responsables sionistes face au silence et la complicité du monde. »

Selon le parti, « la résistance à l’occupation, sous toutes ses formes, est un droit légitime garanti par les lois divines et les conventions internationales, et le véritable terrorisme est celui pratiqué sans cesse par l’occupation sioniste raciste au vu et au su du monde et avec le soutien des grandes puissances ».

Dans ce sens, le PJD a appelé « tous les Palestiniens et toutes les factions palestiniennes, sans exception, à unifier leurs positions […] pour soutenir » le Hamas, et appelé les militants du parti « à se mobiliser pour participer aux manifestations de soutien au peuple palestinien frère et à l’héroïque résistance palestinienne ».

Il a également apostrophé « tout les pays arabes et islamiques et les peuples libres du monde » afin d’« adopter des positions strictes qui dissuadent l’entité sioniste et le gouvernement sioniste extrémiste et à faire pression sur eux au lieu de faire pression sur la résistance ».

Si Rabat et le PJD semblent aujourd’hui au diapason, cela n’a pas toujours été le cas.

Favorable à une solution à deux États

En mars 2023, le parti de Benkirane avait « déploré »  les « prises de position du ministre des Affaires étrangères, dans lesquelles il semble défendre l’entité sioniste dans certaines réunions africaines et européennes, à un moment où l’occupation israélienne poursuit son agression criminelle contre nos frères palestiniens », en référence aux raids israéliens répétés en Cisjordanie occupée.

Le roi Mohammed VI est président du Comité Al-Qods, chargé de contribuer à la sauvegarde des lieux saints musulmans à Jérusalem, et comme l’avait répondu le cabinet royal à l’époque, « la position du Maroc envers la question palestinienne est irréversible ».

Rabat est favorable à une solution à deux États et à l’établissement d’un État palestinien sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.

En 2022, le roi s’était insurgé contre « l’incursion des forces d’occupation israéliennes dans la mosquée al-Aqsa, la fermeture de ses portes et l’agression des fidèles désarmés dans l’enceinte de la mosquée et sur ses esplanades ».

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