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Eurovision : les reproches adressés à un artiste suédo-palestinien pour avoir porté un keffieh indignent la Toile

Les organisateurs du concours européen de la chanson ont déclaré que le keffieh d’Eric Saade « compromettait le caractère apolitique de l’événement », entraînant des commentaires acerbes
Eric Saade interprète sa chanson « Popular » en première partie de la première demi-finale de la 68e édition du Concours Eurovision de la chanson à la Malmö Arena le 7 mai 2024 (Jessica Gow/TT via AFP)

Le Concours Eurovision de la chanson est accusé de discrimination après avoir reproché à la pop star suédo-palestinienne Eric Saade d’avoir porté un foulard palestinien lors de l’acte d’ouverture des demi-finales.

Eric Saade, dont le père est d’origine palestinienne, a donné le coup d’envoi mardi soir de la première demi-finale de l’Eurovision à Malmö, en Suède, avec un keffieh – une coiffe traditionnelle portée par les hommes en Palestine et ailleurs dans le monde arabe – enroulé autour du poignet.

Le foulard a gagné en popularité ces derniers mois et est utilisé par de nombreux manifestants et militants pour afficher leur soutien aux Palestiniens dans le contexte de la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza.

En réponse, les organisateurs du concours, l’Union européenne de radiodiffusion (UER), ont publié un communiqué disant « regretter » que Saade ait porté le foulard.

« Le Concours Eurovision de la chanson est une émission télévisée en direct. Tous les artistes sont informés des règles du concours et nous regrettons qu’Eric Saade ait choisi de compromettre le caractère apolitique de l’événement », a déclaré l’UER.

Plusieurs personnes ont souligné sur les réseaux sociaux que le foulard à carreaux noir et blanc faisait partie du patrimoine culturel palestinien et ont remis en question son interprétation en tant que symbole politique par l’UER.

« Eric Saad se fait incendier parce qu’il porte un vêtement qui fait littéralement PARTIE de SON PROPRE héritage, alors que tout le monde est autorisé à porter les vêtements traditionnels de son choix », a commenté un utilisateur des réseaux sociaux.

Un autre a partagé : « Eric Saade est palestinien. Le keffieh est un symbole de la culture palestinienne. Il n’a rien dit ni fait quoi que ce soit de politique là… vous savez ce qui est politique ? Promouvoir la participation d’un pays génocidaire. »

L’Eurovision a ensuite publié des extraits des performances des deux autres premiers actes sur ses réseaux sociaux mais pas celle de Saade, incitant des internautes à partager sa prestation sur leurs pages personnelles pour afficher leur soutien à l’artiste.

Traduction : « #EricSaade portait un keffieh autour de son poignet à l’#Eurovision et le niveau de haine à son encontre à présent est insensé ! Ce monde en un mot : Israël peut assassiner 40 000 Palestiniens, tout en étant autorisé à blanchir ses crimes. Mais opposez-vous au génocide et vous serez attaqué ! »

Répondant à l’UER à travers une story sur son compte Instagram personnel, la pop star a expliqué que le keffieh était un cadeau de son père, une façon de se souvenir de ses racines, et a critiqué l’interdiction des drapeaux et symboles palestiniens par l’Eurovision.

« Je ne savais pas qu’un jour on appellerait cela un ‘‘symbole politique’’. C’est comme appeler un cheval dalécarlien [une statue de cheval traditionnelle suédoise] un symbole politique », a écrit le chanteur, qui a également représenté la Suède lors de l’édition 2011 du concours.

« À mes yeux, c’est juste du racisme. Je voulais simplement être inclusif et porter quelque chose qui me ressemble, mais l’UER semble penser que mon appartenance ethnique est controversée.

« Ça ne dit rien de moi, mais tout d’eux. »

Protestations et appels au boycott

L’édition 2024 du concours européen de la chanson a suscité la controverse en raison de la participation d’Israël alors que ce dernier mène une offensive militaire dans la bande de Gaza qui a causé la mort de plus de 34 900 Palestiniens, en grande majorité des civils.

Des milliers d’autres personnes sont sous les décombres, probablement décédées.

Le concours a fait l’objet d’appels au boycott et de nombreuses protestations contre la participation d’Israël ont été exprimées tant par les fans que les artistes.

Plus tôt cette année, plus de 1 400 artistes finlandais ont signé une pétition qui demande la suspension d’Israël du concours, accusant le pays de crimes de guerre à Gaza.

Des appels similaires ont été lancés par des musiciens suédois et islandais qui ont appelé à boycotter le concours à moins qu’Israël n’en soit suspendu.

Traduction : « Bravo au chanteur suédo-palestinien Eric Saade qui portait un keffieh autour de son poignet lors de la demi-finale de l’Eurovision hier. L’Eurovision a expulsé la Russie mais refuse d’exclure Israël et diabolise désormais Saade simplement parce qu’il porte un keffieh. Solidarité avec Saade et boycottez Israël ! »

Les détracteurs affirment que leur demande d’exclure Israël de la compétition n’est pas sans précédent, soulignant que la Russie a été exclue de l’Eurovision il y a à peine deux ans en raison de sa guerre en Ukraine.

« L’Eurovision a reproché au chanteur suédo-palestinien Eric Saade d’avoir porté un keffieh, affirmant que son concours était ‘’apolitique’’ », a posté un autre utilisateur.

« En 2022, l’Eurovision ‘‘apolitique’’ a interdit à la Russie de participer au concours en raison de son invasion de l’Ukraine », a ajouté un autre.

Eden Golan, la chanteuse qui représente Israël, se produira ce jeudi 9 mai lors d’une deuxième demi-finale sous haute sécurité.

Les vainqueurs des demi-finales participeront à la finale samedi, qui sera regardée par quelque 150 millions de téléspectateurs à travers le monde.

Traduit de l’anglais (original).

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